« J’aime la paix et j’aime l’environnement », tel est le message clé de la campagne de sensibilisation menée par l’organisation Université d’Oïcha dans l’initiative de résilience climatique et développement communautaire (UNIO.C.R.I.DC).
Cette activité s’est déroulée ce vendredi dans la commune d’Oïcha, chef-lieu du territoire de Béni, à l’occasion de la journée nationale de l’arbre célébrée chaque 5 décembre de l’année.
Au-delà de la sensibilisation, l’ASBL UNIO.C.R.I.DC a pris des mesures concrètes pour faire comprendre aux habitants les enjeux du changement climatique dans un contexte d’insécurité et de crises humanitaires. L’organisation a ainsi distribué des arbres fruitiers à des milliers d’habitants d’Oïcha, contribuant à pallier non seulement les problématiques de désertification, mais aussi la carence de fruits dans la région.
Selon Monsieur Neville Muke Mumbere, l’un des initiateurs de cette ASBL, cette distribution s’inscrit dans le cadre de la journée du 5 décembre dédiée à l’arbre.
« Nous avons profité de cette occasion pour poursuivre notre campagne « Deux arbres fruitiers pour un ménage. » Nous intensifions la distribution d’arbres fruitiers afin de garantir la consommation des fruits dans les années à venir et d’augmenter la capacité de séquestration du dioxyde de carbone dans notre environnement », a-t-il expliqué.
Cependant, cette journée a été célébrée avec une certaine timidité en raison de la situation sécuritaire précaire dans la zone. Neville Muke a précisé que l’activité était initialement prévue à Kamango, mais que les attaques répétées des ADF contre les civils sur la route Mbau-Kamango au point kilométrique 20, coûtant la vie à 9 personnes, aux côtés de personnes disparues et de plusieurs dégâts matériels dont les incendies de logements et le pillage systématique des intrants médicaux et d’autres biens de valeur, mais aussi l’attaque du mardi 3 décembre des ADF dans la localité de Tenambo en commune d’Oïcha qui s’est soldée par la mort de 9 civils, des maisons et engins roulants incendiés et des chèvres emportées, ces situations ont rendu cela impossible pour la zone de santé de Kamango.
« Nous n’avons pas voulu laisser cette journée passer inaperçue malgré le contexte sécuritaire. Chers membres de la communauté, nous n’avions pas espoir de vous voir venir écouter notre message environnemental au vu du contexte sécuritaire et de l’émotion qui régnait dans nos cœurs pour nos frères et sœurs tués, mais merci parce que vous avez contenu l’émotion et compris qu’il faut aussi préserver notre environnement car notre vie en dépend. C’est pourquoi nous avons choisi le thème : ‘J’aime la paix et j’aime l’environnement’, tout en présentant nos condoléances à la population », a-t-il déclaré.
Dans ce contexte difficile, l’ASBL UNIO.C.R.I.DC a souligné qu’au-delà des problèmes d’insécurité, il existe également une grande menace liée aux enjeux environnementaux. Malgré ces défis, les habitants ont répondu présents à l’appel de cette organisation.
L’équipe de sensibilisation a brandi des affiches portant des messages tels que « J’aime la paix et j’aime l’environnement » ou encore « Notre vie est liée à l’environnement ; rendons-le propre et sans pollution ». D’autres messages sur l’environnement étaient également visibles sur leurs affiches.
À cette occasion, plus de 5 700 arbres qui restaient encore dans le germoir ont été distribués aux habitants d’Oïcha lors de cette activité.
Ainsi, Neville Muke appelle d’autres acteurs à s’impliquer dans l’implantation de pépinières pour répondre au besoin croissant en arbres au sein de la population et contribuer à la reforestation. Il plaide également pour le soutien financier des partenaires afin de multiplier les alternatives écologiques et répondre ainsi à une demande d’arbres qui ne cesse d’augmenter.
«Cette stratégie de résilience de la communauté face aux menaces de l’insécurité et de la dégradation de l’environnement doit être une approche d’intervention des partenaires humanitaires pour l’efficacité des réponses aux crises, tenant compte de l’habitat des populations assistées», a plaidé M. Neville.
Il poursuit que l’insécurité est une menace temporaire qui peut être contenue par les services de sécurité dans notre pays, mais quant aux menaces de catastrophes naturelles, aucune arme ne peut les contenir.
“Agissons ensemble pour prévenir et stopper les catastrophes naturelles en plantant les arbres aujourd’hui car ceci est l’une des alternatives de protection de l’environnement”, a-t-il conscientisé.
Notons que depuis le lancement de la campagne « Deux arbres fruitiers pour un ménage » le 5 décembre 2023, plus de 15 000 arbres ont déjà été donnés et plantés par les familles bénéficiaires en commune d’Oïcha, chef-lieu du territoire de Beni, grâce à l’engagement de cette structure communautaire qui le fait sans financement extérieur.
Sam Kitha D/RCO UNIO.C.R.I.DC