Le Conseil des Jeunes de l’Espace Lega (CJEL) a dénoncé le non-respect des prescriptions du Code minier par un groupe d’entreprises ayant conclu des accords avec la communauté locale. Il réclame le retrait pur et simple des titres miniers octroyés à ces sociétés.

Lors d’un point de presse tenu ce jeudi 9 janvier 2025 à Bukavu, le CJEL a exprimé son indignation face au laxisme du Ministère national des Mines et de l’administration provinciale dans l’application des dispositions du Code minier congolais. Selon le CJEL, ce laxisme frôle la complicité dans l’exploitation illicite des minerais à Mwenga et Shabunda, notamment par des ressortissants chinois, tant dans le territoire de Mwenga que dans d’autres provinces du pays.

Devant cette situation alarmante, le CJEL se déclare prêt à soutenir le gouverneur de la province du Sud-Kivu, le Professeur Jean-Jacques Purusi Sadiki, qui, depuis sa prise de fonction, a affiché sa détermination à assainir ce secteur. Les résultats obtenus jusqu’à présent sont encourageants, et le CJEL espère qu’il ira jusqu’au bout pour redonner espoir aux populations dépossédés de leurs richesses.

Toutefois, il craint que le démantèlement des prédateurs étrangers, notamment chinois, ne se limite qu’à une seule société, Boda Mining, alors que plusieurs entreprises exploitent l’or sans titres ni autorisations, contribuant ainsi à la destruction de l’environnement à Mwenga.

Le CJEL saisit également cette occasion pour dénoncer l’exploitation illégale par la société chinoise « Yellow Stone », qui a pris en otage le pont jeté sur la rivière Elila à Mela, dans la Chefferie des Wamuzimu, malgré son inauguration par les autorités provinciales. Yellow Stone se comporte en monarque, imposant des frais de passage aux conducteurs d’engins, ce qui est inacceptable.

Les entreprises minières, qui se présentent comme des coopératives artisanales, exploitent illégalement les ressources. Certaines n’ont même pas de permis de recherche, tandis que d’autres, bien qu’en possession de permis d’exploitation, ne respectent pas les exigences légales.

Dans le territoire de Mwenga, les autorités minières semblent s’enrichir, se comportant comme des maîtres en territoire conquis, détruisant l’environnement et polluant les eaux avec la complicité des services de l’État.

Le CJEL souligne que les sociétés exploitant l’or n’ont pas de cahier des charges avec les communautés locales. Il recommande donc d’entamer la procédure de déchéance de certains titres détenus illégalement, en violation du Code minier, ainsi que la mise en place d’un fonds de réparation pour les victimes. Le CJEL exige également des sanctions contre les autorités civiles et militaires impliquées dans ces exploitations illégales.

Le CJEL estime que les entreprises exploitant l’or à Mwenga devraient, entre autres, entamer des négociations avec les communautés locales, signer des cahiers des charges de responsabilité sociale, respecter les chronogrammes y afférents, élaborer des études de faisabilité technique et financière pour la certification des réserves, envisager des travaux d’exploration géologique et débuter la construction d’usines de traitement si les résultats de la recherche s’avèrent concluants.

Face à cette triste réalité, le CJEL appelle le gouvernement à m’octroyer des permis d’exploitation qu’aux sociétés justifiant de la capacité technique et financière de construire des mines industrielles. Dans le cas contraire, il doit déchoir les titulaires de tous les droits y relatifs, conformément aux articles 196, 197, 198, 199, 286 du Code minier et 390 du Règlement minier.

Le CJEL affirme que les autorités sont bien conscientes de la présence de ces sociétés et de leurs activités d’exploitation, comme en témoignent l’attribution de visas, d’agréments, de statuts de sociétés, de registres de commerce et de crédits mobiliers (RCCM), ainsi que l’octroi de zones d’exploitation et la mise à disposition des forces de l’ordre sur les sites d’exploitation.

Les sites miniers sont militarisés, ce qui entrave le bon fonctionnement des services étatiques de la région. Le CJEL suggère d’interdire formellement la présence des éléments des FARDC et de la police dans ces zones, à l’exception des agents de la police minière et des hydrocarbures.

Enfin, le CJEL rend hommage aux victimes de la barbarie, en particulier à leur collègue Alphonse Lupeta, récemment tué dans des circonstances non élucidées par un militaire présumé affecté à la garde de la société Yellow Stone. Il appelle la Justice militaire à accélérer l’instruction de ce dossier afin que justice soit rendue.

Alain kanyombo

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