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RDC La régulation de la presse sous les feux de l’UNPC : Entre nécessité et craintes de dérives

L’Union Nationale de la Presse du Congo (UNPC) a récemment publié un communiqué de presse (N°017/BE/KK-M/2025) qui souligne l’importance d’une régulation effective du secteur des médias en République Démocratique du Congo. Ce document, qui intervient dans un contexte de préoccupations croissantes concernant la qualité et l’éthique journalistique, mérite une analyse approfondie de ses implications pour la liberté de la presse et l’avenir du journalisme congolais.

L’UNPC, reconnaissant les mérites du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication (CSAC), salue la prorogation de son mandat pour 90 jours, une décision qui s’inscrit dans la continuité de la médiation politique. Cependant, l’Autorité d’autorégulation des journalistes professionnels et autres professionnels des médias congolais émet de sérieuses réserves quant à la compétence de la régulation en particulier et du champ qu’elle s’est attribué. Ces réserves, exprimées pour « plus de clarté et de compréhension », touchent à plusieurs aspects fondamentaux de la régulation des médias.

Les préoccupations de l’UNPC : Une régulation à double tranchant ?

Le communiqué de l’UNPC met en lumière plusieurs points d’achoppement :

  • Le champ d’exercice de la régulation : L’UNPC insiste sur le fait que le champ d’exercice de toute régulation des médias est avant tout « philosophique et il porte sur la liberté de la presse et d’expression comme socle ». Cette affirmation est cruciale, car elle rappelle que toute tentative de régulation doit impérativement respecter les principes fondamentaux de la liberté d’expression, pierre angulaire de toute démocratie.
  • La préséance de la liberté d’expression : Le communiqué affirme que « la régulation ne doit toujours être a priori et non a posteriori ». Cela signifie que la régulation doit s’exercer dans le respect de la liberté d’expression, et non comme un outil de censure ou d’inquisition. L’UNPC est catégorique : « Les journalistes et les médias ne peuvent s’accommoder de la censure et de l’inquisition qui en résulte ».
  • Le rôle de la régulation : L’UNPC craint que la régulation ne serve à « embrigader les médias » ou à empêcher les journalistes d’exercer leur rôle critique, en les transformant en « historiens du présent » plutôt qu’en observateurs indépendants et critiques. C’est une mise en garde contre toute tentative d’instrumentalisation des médias à des fins politiques ou de contrôle de l’information.
  • La liberté de la presse en temps de guerre : La problématique de la liberté de l’information et de la liberté de la presse est également soulevée dans le contexte de guerre que connaît la RDC, notamment dans sa partie orientale. L’UNPC reconnaît que « des restrictions peuvent exister et elles sont compréhensibles », mais souligne l’importance de ne pas entraver le droit à l’information des citoyens.
  • La cohésion nationale et l’intégrité territoriale : Enfin, l’UNPC s’interroge sur les motivations de certains acteurs qui, au nom de la cohésion nationale, « veulent faire passer les médias et les journalistes comme des porteurs d’armes et munitions » dans le conflit. Cette interpellation est forte et dénonce toute tentative de criminalisation du travail journalistique

Trouver l’équilibre entre régulation et liberté

Le communiqué de l’UNPC met en lumière le défi permanent de trouver un équilibre entre la nécessité d’une régulation des médias, garante de l’éthique et de la qualité de l’information, et la protection inaliénable de la liberté de la presse. La professionnalisation du journalisme est un impératif, et l’UNPC le rappelle en soulignant l’importance de la « lucidité et du discernement pour éviter de précipiter les médias et les journalistes dans un tourment non maîtrisable ».

La régulation ne devrait pas être perçue comme un instrument de contrôle, mais plutôt comme un mécanisme de soutien à l’autonomie et à la responsabilité des médias. Il est essentiel que le CSAC, dans l’exercice de ses missions, agisse en toute indépendance, en garantissant la pluralité des voix et en protégeant les journalistes contre toute forme de pression ou d’intimidation.

Le ton de l’UNPC est ferme mais mesuré, invitant à la « retenue et la sérénité » dans le débat sur la régulation. L’organisation insiste sur le fait que le professionnalisme des journalistes, leur dévouement à la vérité et leur engagement pour la défense de l’intégrité territoriale de la RDC sont des atouts majeurs, surtout en période de crise ou d’occupation.

Le communiqué de l’UNPC est un appel clair à une régulation éthique et respectueuse des libertés fondamentales. Il rappelle que la régulation des médias est une démarche complexe qui doit être menée avec la plus grande prudence, afin de ne pas transformer un outil de professionnalisation en un instrument de censure ou d’entrave à l’information. L’avenir du journalisme congolais dépendra de la capacité des différentes parties prenantes à collaborer pour construire un cadre réglementaire qui renforce la liberté de la presse tout en garantissant sa responsabilité.

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