Bunia : Des jeunes ituriens interpellent leurs élus nationaux lors d'un "question-débat" inédit

C’est une première dans la province de l’Ituri. Lundi 11 août 2025, le stade Epo de Bunia, chef-lieu de la province, a été le théâtre d’un événement sans précédent : une rencontre directe et sans tabou entre les jeunes de la ville et leurs députés nationaux. Organisé sous la forme d’un « question-débat », l’échange a abordé des thèmes cruciaux pour l’avenir de la province, notamment la sécurité, le développement, l’autonomisation économique et la gouvernance.
Au cœur de cette journée, les jeunes ont interpellé avec fermeté leurs représentants sur les freins qui empêchent l’Ituri de se développer alors que d’autres provinces émergent. L’assistance a soulevé des questions poignantes, reflétant leur frustration face à la situation sécuritaire et au manque de progrès.
Parmi les questions phares soulevées par la jeunesse, on peut citer :
- Pourquoi nos députés nationaux ne sont pas unis à Kinshasa et travaillent de manière dispersée ?
- Le chaos en Ituri préoccupe-t-il réellement nos députés ? Ou bien ne sont-ils préoccupés que par leurs émoluments ?
- Comment la rébellion CRP a-t-elle pu naître en Ouganda sans être anéantie par le gouvernement ougandais, qui entretient pourtant une relation militaire avec la RDC ?
- Étant donné ce que l’Ituri traverse depuis des années, nos élus sont-ils fiers d’être appelés ‘députés’ ?
Toutes ces questions ont trouvé des réponses auprès des intervenants présents. L’une des interventions qui a particulièrement retenu l’attention du public est celle du député national Bhileni Cwinya’ay Dieudonné, élu du territoire de Mahagi.

Un appel à l’unité et à la responsabilité de la jeunesse
Répondant aux interrogations des jeunes, le député Bhileni Cwinya’ay a appelé la jeunesse iturienne à devenir des acteurs et des ambassadeurs de paix. « Nous sommes très heureux de cette invitation lancée par les jeunes de Bunia pour une journée d’interaction. Cela doit être continu pour faire avancer les choses et lever certaines zones d’ombre, » a-t-il déclaré.
Le député a insisté sur l’importance de la participation active de la jeunesse pour la recherche de la paix et le changement de mentalité. « De temps en temps, des jeunes sont à la fois acteurs et victimes dans les violences armées. Ils doivent savoir que la paix passe avec eux et par eux, » a-t-il ajouté.
Concernant l’unité des élus de l’Ituri, M. Bhileni a assuré que, malgré les apparences, les députés travaillent de manière continue et unie sur les questions de la province. « Nous, vos élus, sommes unis pour les questions de l’Ituri. Nous travaillons chaque jour au sein de nos groupes parlementaires, nos commissions et sous-commissions, » a-t-il affirmé, citant comme preuve les « intenses travaux » réalisés à Bunia par le caucus des élus.
Un faible taux de participation qui suscite la colère
Si le « question-débat » a été un succès en termes d’affluence et de qualité des échanges, un autre fait a jeté un froid sur l’événement. Le faible taux de participation des élus a été vivement dénoncé.
Jacques Safari Pele, s’exprimant avec une colère audible, a manifesté sa déception. « Je suis très déçu de vous. Comment peut-on comprendre que pour des questions aussi importantes, seulement deux députés nationaux sur 28 et un seul député provincial sur 47 répondent présents ? C’est un sabotage envers la jeunesse, » a-t-il fustigé. Il a demandé aux absents de venir s’excuser auprès de la jeunesse qui, selon lui, les aide pourtant activement lors des campagnes électorales.
Cette première journée d’échanges, qui a également abordé des questions de sous-emploi, de chômage et de promotion de l’entrepreneuriat, est la deuxième d’une série de rencontres. Le rendez-vous se poursuivra ce mardi 12 août, journée internationale de la jeunesse.
Par Flori Drajiro