RDC : L'inacceptable détention de Jonathan et Reagan, 13 et 15 ans, dans un "mouroir" à Kinshasa

Jonathan, 13 ans, et Reagan, 15 ans, sont en détention depuis plus d’une semaine au cachot du Camp Lufungula, à Kinshasa. Le motif de leur arrestation, officiellement invoqué, est le « vagabondage ». Cependant, leur situation actuelle soulève de graves questions sur le respect des droits de l’enfant et les conditions de détention en République Démocratique du Congo.
Le Camp Lufungula, lieu d’enfermement, est tristement connu pour ses conditions de vie déplorables. Le cachot où sont enfermés les deux mineurs est décrit comme un véritable « mouroir », dépourvu de toute installation sanitaire de base. Dans un espace exigu, les détenus sont contraints d’uriner et de faire leurs besoins là où ils dorment et mangent, transformant ce lieu en un foyer de maladies et d’insalubrité.
Une violation flagrante des droits humains
La détention de ces deux mineurs dans de telles conditions constitue une violation flagrante de plusieurs textes de loi nationaux et internationaux. La Convention relative aux droits de l’enfant, ratifiée par la RDC, stipule clairement que la détention d’un enfant doit être une mesure de dernier recours et pour la période la plus courte possible. De plus, elle exige que les conditions de détention soient humaines, respectueuses de la dignité de l’enfant et adaptées à leur âge. Le cachot du Camp Lufungula est à l’opposé de ces principes fondamentaux.
L’article 12 de la Loi portant protection de l’enfant en RDC précise que « L’enfant a droit à une protection spéciale. L’État et la famille sont tenus de lui assurer un traitement spécial et des soins spéciaux, notamment en ce qui concerne l’alimentation, les vêtements, le logement, l’éducation et l’hygiène. » Les conditions d’insalubrité et la promiscuité dans laquelle vivent Jonathan et Reagan témoignent d’un manquement grave à cette obligation.

Un appel urgent à l’action
Le vagabondage, souvent considéré comme une conséquence de la pauvreté et de la précarité, ne devrait en aucun cas justifier une telle privation de liberté dans des conditions si dégradantes. L’arrestation et la détention de Jonathan et Reagan mettent en lumière la vulnérabilité des enfants de la rue en RDC et l’absence de structures adaptées pour prendre en charge ces situations de manière humaine et conforme aux droits de l’homme.
Il est impératif que les autorités congolaises et les organisations de défense des droits de l’homme interviennent d’urgence pour libérer ces deux mineurs et les placer dans un environnement sûr et décent. Au-delà de ce cas précis, une réforme profonde du système de prise en charge des enfants en situation de rue est nécessaire afin de garantir qu’aucun autre enfant ne soit victime de ces pratiques inhumaines et dégradantes.