L’art du camouflage : Quand le langage journalistique s'adapte pour protéger les trafiquants

Les preuves accablantes du rapport CITES et les dénonciations de la société civile environnementale (CBCS-Network) acculent les responsables du trafic d’espèces protégées, une contre-offensive suspecte s’organise. Entre glissements sémantiques et silences achetés, certains médias et organisations changent de camp pour protéger les prédateurs des ressources congolaises.
C’est un spectacle désolant auquel assiste l’opinion publique congolaise depuis quelques semaines. Hier encore, certains titres de la presse nationale et internationale se scandalisaient de l’érosion de notre biodiversité. Aujourd’hui, face aux révélations de l’implication de l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN) dans l’exportation illégale de chimpanzés vers l’Asie, le ton a brusquement changé.
Le glissement sémantique : quand le vol devient un échange Le changement de langage est subtil, mais systématique. Là où les experts de la société civile parlent de pillage, de trafic transfrontalier et de violations de la CITES, ces médias de connivence utilisent désormais des termes lénifiants.
On ne parle plus de bébés chimpanzés arrachés à leur habitat sous bâches bleues, mais de transferts techniques ou de coopération scientifique internationale. Ce blanchiment par les mots vise un seul objectif : anesthésier l’indignation populaire et transformer un crime environnemental en une simple procédure administrative mal comprise.
Selon plusieurs sources au sein de la société civile environnementale, ce revirement ne doit rien au hasard. ‹‹ Nous observons des médias qui, après avoir reçu des enveloppes de communication de la part de réseaux impliqués, commencent à attaquer les lanceurs d’alerte plutôt que les trafiquants », déplore un activiste du CBCS-Network.
Cette stratégie de diversion est classique : au lieu de répondre sur le fond à savoir l’exportation de 2 272 animaux vers l’Inde en un an ces relais de propagande s’attellent à discréditer les organisations sérieuses qui exigent la transparence. On assiste à un véritable mercenariat de la plume où l’intérêt supérieur de la nation est sacrifié sur l’autel de la corruption.Des organisations paravents en renfort
Le phénomène ne touche pas que la presse. Certaines organisations, autrefois actives dans la protection de la faune, observent aujourd’hui un silence complice ou, pire, publient des communiqués ambigus pour tempérer les accusations. En agissant ainsi, elles se muent en boucliers humains pour ceux qui vident la RDC de son patrimoine naturel.
Le rapport de la CITES (SC78) est pourtant clair : les incohérences dans les permis de source C (animaux nés en captivité) sont flagrantes. Comment des médias peuvent-ils encore prétendre défendre la souveraineté de la RDC tout en justifiant l’exode massif de nos grands singes vers des zoos privés étrangers ?
En protégeant les individus qui volent la RDC, ces médias et organisations complices sabotent la diplomatie environnementale du Chef de l’État. On ne peut pas prétendre être un pays-solution pour le climat tout en laissant une mafia institutionnalisée vendre nos espèces endémiques au plus offrant.
Les actions en justice pour écocide et inaction visent non seulement les décideurs, mais mettront aussi à nu ceux qui ont choisi de troquer leur éthique journalistique contre les miettes d’un trafic criminel.
Le peuple congolais regarde. L’histoire retiendra les noms de ceux qui ont défendu la terre de leurs ancêtres et de ceux qui ont prêté leur voix pour justifier son dépouillement.
Rédaction



