Beni : Les produits pour grossir ou rétrécir les organes génitaux sont dangereux !
Beni : Les produits pour grossir ou rétrécir les organes génitaux sont dangereux !

La pratique consistant à appliquer des produits indigènes pour modifier la taille de certaines parties du corps est devenue courante dans la ville et le territoire de Beni. La vente de ces produits, généralement à base de plantes, se fait dans la rue et sur les réseaux sociaux. Alors que les vendeurs vantent le succès de leurs marchandises, le nombre de victimes parmi les utilisateurs ne cesse d’augmenter. Face à cette situation, un professionnel de santé appelle la population à la méfiance vis-à-vis de ces produits très dangereux.
« Mon produit procure beaucoup de plaisir au lit. Il aide aussi à grossir le pénis et à rétrécir le vagin », affirme avec persuasion une quadragénaire à des clients potentiels qui venaient de garer leur véhicule au bord du boulevard Nyamwisi à Beni.
Stupéfait, l’un d’eux s’interroge sur les éventuelles conséquences de ces produits sur la santé des consommateurs. « Personnellement, je n’ai constaté aucune efficacité des produits dont la formule avait été présentée sur la plateforme TikTok pour l’endurance au lit. Au contraire, j’ai souffert de diarrhée toute la nuit après avoir utilisé ce mélange », s’indigne un internaute habitant d’Oicha et victime de cette pratique.
Ressembler aux actrices ou se déformer
À Beni, cette pratique, qui en est presque à sa phase expérimentale, déforme de plus en plus les clients. Des hommes contactés à ce sujet témoignent que si la pratique semble fonctionner pour certains, d’autres se retrouvent avec des organes déformés. Des femmes aussi, dans le souci de plaire à leurs admirateurs, affirment avoir tenté des pratiques visant à augmenter le volume de leurs fesses ou de leurs seins, voire à changer la couleur de leurs yeux. Selon elles, leur motivation était de ressembler aux actrices de séries télévisées, très appréciées par les hommes. « J’avais acheté des produits pour grossir mes fesses. À mon réveil, j’ai été surprise de constater une déformation. L’une de mes fesses était devenue plus grosse que l’autre », témoigne tristement une dame vivant au poste frontalier de Kasindi.
Victimes d’infections ou d’infertilité
Des professionnels de santé contactés pour obtenir plus de précisions sur cette question soulignent que l’utilisation de ces produits susmentionnés pourrait entraîner des infections et l’infertilité chez les consommateurs. Le docteur Pascal Bailanda, médecin traitant à la clinique Le Rocher à Oicha, atteste que les victimes de cette pratique sont nombreuses dans la communauté. « Parmi nos patientes, victimes des pratiques de ces charlatans, certaines arrivent avec des brûlures, des infections, des sécheresses, etc., au niveau du bas-ventre. D’autres présentent un déséquilibre hormonal allant jusqu’à l’infertilité », révèle ce spécialiste en santé publique, qui insiste sur la nécessité de décourager cette pratique.
Des produits qui échappent au contrôle
Poursuivant son indignation, le docteur Pascal Bailanda rappelle que ces produits, qui circulent librement dans la communauté, n’ont aucune base scientifique sérieuse. En d’autres termes, ils ne sont pas testés en laboratoire afin que leur consommation soit autorisée par les spécialistes de la pharmacologie. « Ces produits ne sont pas contrôlés. Au niveau local, c’est la zone de santé qui est habilitée à contrôler tous les produits destinés aux soins de santé », conclut-il en demandant aux autorités de l’État de se saisir de cette pratique inefficace et nuisible à la santé physique et mentale des membres de la communauté.
MMK & Jean-Claude Mbafumoja