Sécurité en RDC : La négligence des enfants en situation de rue alimente la criminalité et l'instabilité (Mémoire d'Akam Katavali)

L’État fait faillite, la rue dévore : un diagnostic alarmant du chercheur Akam Katavali en ville de Goma. Dans son mémoire de licence défendu ce samedi 11 octobre à l’ULPGL Goma, ce défenseur des droits de l’enfant et coordonnateur du Forum d’Enfants du Nord-Kivu, révèle les conséquences dévastatrices sur la sécurité de la non-application de l’Article 62 de la loi sur la protection de l’enfant à Goma.
L’étude dont l’intitulé est : « Essai d’analyse de l’article 62 de la loi portant protection de l’enfant, cas des enfants en situation de rue à Goma » montre que l’État, par sa négligence structurelle, abandonne les enfants en situation de rue (ESR) à un sort qui met en péril l’ordre public et la stabilité régionale. L’absence de structures d’accueil étatiques et de financement laisse ces mineurs sans protection.
L’Exposition au crime : de Victimes à acteurs de l’insécurité L’impact direct de cette carence est l’exposition brutale des ESR à la criminalité. Privés de tout encadrement, ces enfants sont rapidement versés dans la délinquance juvénile pour survivre, adoptant des comportements allant du vol à main armée à la mendicité agressive. Akam Katavali détaille que la rue les expose à la toxicomanie et à l’exploitation, transformant des victimes de délaissement familial ou de conflit en acteurs potentiels de l’insécurité urbaine. Cette spirale de la criminalité, aggravée par un système judiciaire débordé ou non spécialisé, brise toute perspective d’avenir pour ces jeunes.
Recrutement Armé : Une Menace pour la Sécurité Nationale
L’analyse de Katavali dépasse la simple criminalité urbaine pour soulever une question de sécurité nationale. Dans un contexte de conflits armés récurrents au Nord-Kivu, les ESR constituent un vivier de recrutement facile pour les groupes armés et les milices. Vulnérables, sans attaches, et cherchant désespérément reconnaissance et subsistance, ils peuvent être facilement enrôlés, ce qui alimente le cycle de la violence et compromet tout espoir de pacification de la région. L’inaction de l’État dans leur protection devient ainsi un facteur direct d’instabilité persistante.
Appel à l’action : Investir dans la Jeunesse pour la Sécurité
Face à cette menace, le chercheur insiste sur la nécessité d’une réaction immédiate et coordonnée de l’État. Il ne s’agit pas seulement d’assistance sociale, mais d’un investissement stratégique dans la sécurité nationale. Katavali recommande d’opérationnaliser les structures légales, de garantir un financement conséquent et de mettre en place des politiques de réinsertion professionnelle et sociale pour les ESR. Il est crucial d’adopter des règlements d’exécution et de renforcer la coordination entre les services de protection, la justice et la police pour que l’Article 62 devienne un bouclier efficace.
Le travail d’Akam Katavali se veut un ultimatum au gouvernement congolais. La protection de l’enfance n’est pas une option humanitaire, mais une obligation légale et une nécessité sécuritaire. Tant que l’État n’assumera pas son devoir en sortant les ESR de la rue, le Nord-Kivu continuera de payer le prix d’une jeunesse sacrifiée et d’une insécurité perpétuelle. « L’État doit faire un choix entre préparer de nouveaux cadres et fabriquer les futurs déstabilisateurs du pays » a conclu Akam Katavali, encadreur au sein du Parlement d’Enfants.
Rédaction