Sud-Kivu : La répartition des fonds pour les blessés de guerre sème l’indignation

Une controverse éclate dans la Zone de Santé de Bunyakiri, territoire de Kalehe, suite à la répartition des fonds destinés aux soins gratuits des blessés de guerre. Le Centre Hospitalier de Tshigoma a exprimé son « indignation » dans une lettre officielle datée du 6 juin 2025, adressée au Coordinateur National de la RADE à Kinshasa et transmise à diverses autorités et médias locaux.
L’objet de cette indignation est la décision de n’allouer la somme décaissée par la coordination nationale de la RADE qu’à l’Hôpital Général de Référence de Bunyakiri (HGR Bunyakiri). Selon le Centre Hospitalier de Tshigoma, de nombreux blessés de guerre ont été stabilisés et soignés dans d’autres structures sanitaires de la Zone de Santé de Bunyakiri avant d’être référés à l’HGR Bunyakiri.
Ces centres périphériques affirment avoir engagé des médicaments, des consommables et l’énergie de leur personnel soignant pour sauver ces vies, conformément au droit humanitaire international.
Parmi les structures citées comme ayant contribué aux premiers soins figurent le Centre Hospitalier de Tshigoma lui-même, ainsi que d’autres centres situés dans le Haut Plateau de Katasomwa, Ramba (Kitasunguiwa), Lemera, Bushaku I & II, Kayeye, Katana, Kabamba, Mushunguti (Kachikauma), le Centre Hospitalier de Bitale (parc de Kahuzi-Biega), le Centre Hospitalier de Kusisa, et ceux du Haut plateau de Ziralo (Shambombo, Lumbishi, Shanje, Katale, Luzirantaka, Bishaka).
Le Dr John KABUUBUU MUHAYA, Médecin Directeur du Centre Hospitalier de Tshigoma, déplore le fait d’ignorer et de mépriser les efforts fournis par ces structures, qui ont administré « les premiers et plus importants soins qui ont sauvés nos compatriotes sans lesquels ils seraient morts en cours de routes ». Il estime qu’accorder la totalité des fonds à l’HGR Bunyakiri, sous prétexte de compensation pour la gratuité des soins, est inacceptable, car cet hôpital n’est pas le seul à avoir offert des soins gratuits.
Cette approche est perçue comme un acte de « sabotage » des efforts des soignants et un facteur de « division » au sein de la Zone de Santé. En conséquence, le Centre Hospitalier de Tshigoma demande que tous les hôpitaux ayant participé à la prise en charge des blessés (notamment le C.H Bitale, le C.H Tshigoma, le CSR Maibano et le C.H Kusisa) puissent également bénéficier de ces fonds, et ce, « sans discrimination ».
Cette affaire met en lumière les défis liés à la coordination et à l’équité dans la gestion des ressources humanitaires dans des zones affectées par les conflits, soulevant des questions sur la reconnaissance des efforts de tous les acteurs de la santé sur le terrain.