Ces tensions pré-électorales qui font craindre le pireLa Commission électorale nationale indépendante (CENI) de la République démocratique du Congo (RDC) a tranché. Il n’y aura pas un nouvel audit du fichier électoral.

Cette décision, elle l’a prise, à l’issue d’une série de rencontres qu’elle avait initiées avec les opposants radicaux qui dénonçaient un processus électoral biaisé. Pour ces derniers, le fichier électoral doit être assaini parce que, disent-ils, il comporte des noms fictifs et des mineurs.

Toute chose qui, selon eux, ne garantit pas la transparence de la présidentielle du 20 décembre qui polarise déjà toutes les attentions. Mais pour la CENI, un nouvel audit ne s’impose pas d’autant qu’aucun « argument sérieux n’est venu contredire les conclusions » du précédent. Comme on pouvait s’y attendre, la réaction de l’opposition ne s’est pas fait attendre. Elle qualifie, en effet, la décision de l’instance électorale d’« acte de rébellion ».

Toute chose qui fait craindre une crise pré-électorale en RDC déjà en proie à une grave crise sécuritaire qui, en plus d’avoir laissé plusieurs cadavres sur le carreau, a provoqué un déplacement massif de populations vers des zones plus sécurisées. Il ne faudra donc pas en rajouter à cette situation déjà précaire.

Car, les hommes politiques sont ainsi faits qu’ils ne voient que leurs intérêts si bien qu’ils sont prêts à brûler le pays pour griller leur maïs. C’est pour cette raison d’ailleurs que les rendez-vous électoraux suscitent, en Afrique surtout, de grosses frayeurs dans la mesure où, en amont comme en aval, ils donnent lieu à des scènes de violences meurtrières sur fond de déchirement du tissu social.

Les couteaux semblent déjà tirés

On a encore en mémoire la terrible chasse à l’homme qui s’étaient engagée en Côte d’Ivoire suite à la contestation des résultats de la présidentielle de 2010. On se rappelle également la contestation de la victoire de Mwai Kibaki par Raila Odinga au Kenya, en 2007, où les violences politico-ethniques qui en ont découlé, avaient fait près d’un millier de morts et plus de 600 000 déplacés.

Certes, quant à la RDC, on peut saluer la maturité des acteurs politiques qui, à l’issue de la présidentielle contestée de 2018, ont su éviter le pire à leur pays. Mais sauront-ils rester dans la même dynamique en ne recourant qu’aux voies légales pour se faire entendre en cas de contestation des résultats du scrutin qui se profile à l’horizon ?

Rien n’est moins sur ; tant les couteaux semblent déjà tirés. Cela dit, avec le refus de la CENI de procéder à un « audit externe » du fichier électoral, on attend de voir si l’Engagement pour la citoyenneté et le développement (ECIDE) de Martin Fayulu et le Front commun pour le Congo de Joseph Kabila confirmeront leur participation à la prochaine présidentielle ou s’ils comptent mettre à exécution leurs menaces de boycott du processus électoral.

En attendant, s’il y a un conseil à donner à l’opposition congolaise, c’est de travailler, si elle veut se donner plus de chances, à présenter un candidat unique. Mais là, tout porte à croire que l’on nage en pleine fiction, dans la mesure où chaque opposant, pensant que son heure est arrivée, ne s’imagine pas en train de se désister au profit d’un autre. Par AK

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