Vital Kamerhe est officiellement élu ce mercredi 22 mai président du bureau définitif de l’Assemblée nationale de la RDC.

Une longue traversée du désert dans les rangs de l’opposition, avant de rebondir en s’alliant aux côtés de Félix Tshisekedi pour la présidentielle de 2018. Un nouveau pari gagnant, qui ne lui donne pourtant pas accès à la Primature qu’il convoitait. Il sera nommé directeur de cabinet de Félix Tshisekedi et deviendra le nouvel homme fort de la présidence, créant des tensions dans l’entourage du chef de l’Etat. Mais patatra, Vital Kamerhe est arrêté le 8 avril 2020 et placé en détention pour des soupçons de détournement de 50 millions de dollars dans le cadre du programme d’urgence des 100 jours du président Tshisekedi. Après deux années de prison et de résidence surveillée, le directeur de cabinet sera finalement blanchi, avant de retrouver un maroquin ministériel dans le nouveau gouvernement Sama Lukonde… à l’Economie.

Une vie de montagnes russes. Le parcours politique de Vital Kamerhe n’a jamais été rectiligne, avec des hauts… mais aussi beaucoup de bas. Avec sa victoire à la primaire de l’Union sacrée qui le désigne candidat unique à la présidence de l’Assemblée nationale, le patron de l’UNC signe un retour fracassant. Vital Kamerhe reprend ainsi un rôle central autour de Félix Tshisekedi et sur la scène politique congolaise, tout en plaçant déjà ses pions pour les échéances électorales futures.

Le « Kamereon », comme certains l’appellent à Kinshasa, en le comparant à cet animal qui sait parfaitement s’adapter à toutes les situations. Pour remonter au perchoir après 15 ans d’absence, Vital Kamerhe a dû s’imposer face au président sortant, Christophe Mboso et au président du Sénat, Modeste Bahati, qui se voyait bien changer de chambre. Pour départager les trois prétendants, Félix Tshisekedi a décidé de sortir un joker en organisant une Primaire, histoire de ne pas froisser une majorité déjà très tendue dans l’attente du partage des postes gouvernementaux. Car au sein de l’UDPS, le parti présidentiel, la candidature de Vital Kamerhe en avait énervé plus d’un. Notamment, lorsque le président de l’UNC avait créé sa propre plateforme, le PCR, pour rassembler une centaine de députés et ainsi peser politiquement à la chambre basse.

Jouant sur sa fidélité à Félix Tshisekedi, Vital Kamerhe s’est finalement imposé avec 183 voix sur 372 votants, de nombreux députés ayant boudé la Primaire. La victoire de l’ancien ministre de l’Economie est donc fragile et offre le visage d’une majorité très fragmentée, qu’il ne sera pas facile à manoeuvrer. Félix Tshisekedi, qui avait semble-t-il jeté son dévolu sur Kamerhe pour piloter l’Assemblée nationale depuis plusieurs semaines, compte sur l’expérience politique du nouveau patron de la chambre pour fluidifier le travail parlementaire. Reste à savoir comment les autres membres de l’Union sacrée, et notamment l’UDPS, agiront au cours de la présidence Kamerhe.

la chambre basse congolaise, son arrivée au perchoir est une excellente opération politique. Il sort du gouvernement, où son passage n’avait pas vraiment fait d’étincelles, pour se placer au-dessus de la mêlée et ne pas avoir à partager un quelconque bilan. A la tête de l’Assemblée, Kamerhe aura aussi à coeur de jouer sa propre partition beaucoup plus facilement qu’au sein de l’exécutif. Car n’oublions pas que le patron de l’UNC nourrit clairement l’ambition de briguer la magistrature suprême en 2028, à la fin du deuxième et dernier mandat de Félix Tshisekedi.

Vital Kamerhe retrouve une institution qu’il a déjà dirigée entre 2006 et 2009. Ancien proche collaborateur du président Joseph Kabila, Vital Kamerhe a été poussé à la démission de son poste du président de l’Assemblée nationale en 2009. En février de cette année-là, il avait critiqué les opérations militaires conjointes des armées congolaise et rwandaise contre les milices dans l’Est de la RDC. Ses critiques lui avaient valu le désaveu de la majorité présidentielle à laquelle il appartenait.

Des mécanismes seront mis en place pour l’évincer du perchoir. Il va présenter sa démission au cours d’une courte plénière. Sans débat ni vote, sa démission a été acceptée par l’assemblée plénière.

Vote de ce mercredi est en réalité un plébiscite pour Vital Kamerhe, président du parti politique UNC et candidat unique de la majorité parlementaire à ce poste. L’ancien vice-premier ministre et ministre de l’Economie a bénéficié de 371 voix pour reprendre les commandes de la Chambre basse du Parlement.

Le bureau définitif de l’Assemblée nationale est composé de 7 membres suivants : Président : Vital Kamerhe, Premier vice – président : Jean-Claude Tshilumbayi, 2e Vice – Président : Christophe Mboso, Rapporteur : Jacques Djoli,
Rapporteur adjoint : Dominique Munongo,
Questeur : Chimène PolePole, Questeur Adjoint : Grâce Neema Paininye.

De sa vision

Vital Kamerhe angle son mandat sur :

  • Les lois impartiales en faveur de la RDC et de son peuple,
  • Le contrôle parlementaire sans complaisance,
  • Démocratie parlementaire agissante,
  • Archivage numérique des résolutions et autres documents relatifs aux activités de la Chambre basse,
  • La police de débats équilibrée.  
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